En tant qu’étudiants en droit et jeunes juristes, l’expression « dette d’études » peut peser lourd sur votre avenir et être constamment présente à l’arrière de votre esprit, comme un bruit sourd que vous ne pouvez tout simplement pas faire taire. Peut-être que l’idée de vous occuper de votre dette d’études en droit et, éventuellement, de votre dette de premier cycle, vous angoisse ou peut-être que vous ne savez tout simplement pas par où commencer. La première étape ? En parler.
Chaque année, l’Association du Barreau de l’Ontario organise sa série « Call Forward », par des conférenciers et des professionnels invités à discuter de différents sujets d’intérêt pressant pour les étudiants en droit, les stagiaires et les jeunes avocats. Cette année, j’ai eu l’honneur d’être invitée en tant que conférencière, aux côtés de Karen Sill, de Lawyers Financial, pour la cinquième séance de l’année, intitulée « Managing Law School Debt and Financial Planning » (gérer les dettes de l’école de droit et la planification financière).
Au début de sa présentation, Karen Sill a fait part de statistiques qui donnent à réfléchir. Vous ne serez peut-être pas surpris d’apprendre que l’argent est la première cause de stress des Canadiens et que 48 % d’entre eux perdent le sommeil à cause de soucis financiers. Si ces statistiques vous font hocher la tête, vous n’êtes pas seul.
Bien qu’il puisse sembler accablant de penser à sa dette d’études après avoir obtenu son diplôme (et au-delà), il est essentiel d’élaborer un plan pour s’attaquer à sa dette dès le début et, surtout, de s’y tenir. Au cours de la présentation, Karen et moi avons passé en revue avec les participants les différents types de dettes avec lesquelles les étudiants canadiens obtiennent leur diplôme, à savoir : les prêts gouvernementaux (RAFEO), les prêts bancaires (marges de crédit pour étudiants) et les prêts consentis par la famille et les amis. Selon le type de dette que vous avez à la fin de vos études, vous pouvez élaborer un plan de remboursement de la dette qui convient à votre style de vie, à votre budget et à vos revenus.
Prenons, par exemple, la différence entre le RAFEO et les marges de crédit pour étudiants. Depuis septembre 2023, la partie fédérale de votre prêt RAFEO ne porte aucun intérêt, alors que la plupart des prêteurs privés (comme les banques) appliquent le taux préférentiel auquel ils ajoutent un facteur d’ajustement attribué par le prêteur. En règle générale, il est préférable de rembourser d’abord les prêts à taux d’intérêt élevé, afin de ne pas se retrouver dans un cycle sans fin, où on ne paie que les intérêts chaque mois et où on ne rembourse pas le capital du prêt. C’est là qu’intervient l’importance d’établir un budget mensuel. Lorsque j’ai établi mon premier budget après mes études de droit, les facteurs suivants ont été déterminants pour moi :
- Quel est mon revenu net à la fin de chaque mois après impôts et déductions ?
- Quels sont mes coûts fixes ? Quelles sont les dépenses que je peux réduire ou supprimer pendant que je rembourse mes emprunts ?
- Quelles sont les dettes dont les intérêts mensuels sont les plus élevés ? Est-il raisonnable de consolider certains de mes prêts ?
- Quelles applications puis-je utiliser pour rester sur la bonne voie ? J’ai particulièrement aimé l’appli Spending Tracker and Mint: Budget & Expense Manager.
S’il est important de travailler à un avenir sans dettes, il est tout aussi important de commencer à épargner et à investir dès le début de votre carrière juridique. En insistant sur la magie des intérêts composés, Karen Sill a présenté les différents types d’options d’investissement disponibles (REER et CELI) et expliqué comment, au fil du temps, votre argent continuera à rapporter si vous investissez dès le début. Le choix des placements et le montant que vous pouvez raisonnablement verser par mois (ou par an) sont des conversations qu’il est important d’avoir dès le début et qui peuvent avoir un impact important sur votre santé financière future.
Comme pour tous les sujets qui créent un malaise, il peut être difficile d’avoir des conversations franches et ouvertes sur l’argent. Bien qu’il n’y ait pas de baguette magique pour éliminer l’anxiété et la peur qui entourent le sujet de la dette étudiante, vous pouvez prendre le contrôle de votre dette et ne pas la laisser contrôler votre vie. Rappelez-vous l’adage souvent répété selon lequel une carrière juridique est un marathon, et non un sprint. Bien que les premières années de pratique soient stressantes et pleines d’inconnu, nous arrivons tous à passer de l’autre côté et cela inclut la gestion de notre dette étudiante.
Voir l’intégralité de la session de la série « Call Forward » : Gérer la dette de la faculté de droit et la planification financière.
À propos de l’autrice
Emily OKeefe est avocate au sein du cabinet McLeod Green Dewar et exerce dans les domaines du droit de la famille et de la protection de l’enfance. Avocate tenace, Emily a représenté avec succès des clients devant la Cour de justice de l’Ontario, la Cour supérieure de justice et le rôle spécialisé des successions. Convaincue de l’importance du travail bénévole, Emily est conseillère juridique bénévole pour Luke’s Place, où elle fournit des informations juridiques aux femmes victimes de violence conjugale. Elle a également adapté son travail d’aide juridique à la représentation de parents incarcérés dans des institutions fédérales et provinciales qui cherchent à obtenir un droit de visite pour leurs enfants. Récemment, Emily a été nommée par ses pairs dans The Best Lawyers in Canada: Ones to Watch for 2025.