Je pensais que la perfection était ce que je devais viser pour devenir une grande avocate. Mais j’ai appris que la quête de la perfection pouvait être infructueuse en assistant à "Tales From the Courtroom : Mentorship through storytelling". Grâce au panel de plaideurs expérimentés composé de Tom Curry, Gerald Chan et Linda Rothstein et aux récits éclairants qu’ils ont partagés, j’ai acquis des connaissances importantes sur la manière de mettre les choses en perspective, de se remettre de ses erreurs et de suivre sa propre voie.
Développez votre propre style !
Linda Rothstein, de Paliare Roland, a déclaré qu’inconsciemment, nous voulons ressembler à nos mentors, mais que chacun d’entre nous doit trouver sa propre voie et son propre style. Comme je n’ai jamais exercé, mes mentors sont des avocats fictifs ou célèbres. Ma vision du type d’avocate que je serais est celle d’une grande défenseure de la justice et de l’égalité pour les groupes vulnérables, inspirée par le personnage que joue Michelle Pfeiffer, Rita Harrison, l’avocate dans I am Sam, et par la défense des intérêts qu’effectue l’ARCH Disability Law Centre. Moi aussi, je pourrais changer les choses pour les autres grâce au droit ; si Rita a pu être géniale, rien ne peut m’empêcher de l’être. Cependant, Me Rothstein a dit qu’aussi grands que soient vos mentors, vous avez votre propre parcours et votre propre style, et qu’adopter ceux de quelqu’un d’autre ne vous rendrait pas service.
Acceptez de perdre
La leçon mentionnée ensuite par le panel m’a donné l’impression de frapper un mur de briques. En tant qu’avocats, nous devons accepter de perdre. COMMENT ?! Comment vais-je être une grande avocate si je perds plus que je ne gagne ? Le panel s’accordait sur le fait que la façon dont vous pivotez après une défaite est plus importante que la victoire. Tom Curry, de Lenczner Slaght, a évoqué une affaire dans laquelle il a été surpris de perdre, et où le jugement a été rendu avant qu’il n’ait pu reprendre ses esprits. Il a gagné la motion visant à annuler le jugement et à faire rejuger l’affaire. La leçon importante qu’il en a tirée est de demander cinq minutes pour reprendre ses esprits et parler à son client avant que le juge ne prononce le jugement. On peut tirer de nombreux enseignements d’une défaite, et le fait de ne pas la prendre personnellement vous permettra d’en tirer des leçons.
Une erreur, ce n’est pas la fin du monde
Linda Rothstein a déclaré que les jeunes avocats pensent à tort que les avocats chevronnés ne font pas d’erreurs. Il est important de se rappeler que commettre une erreur n’est pas la fin du monde et qu’il vaut mieux communiquer et trouver un moyen de la rectifier. J’avais cru que les avocats étaient parfaits et qu’ils pouvaient se sortir de n’importe quel pétrin. J’ai regardé des avocates féroces et tenaces comme Annalise Keating (How to Get Away with Murder) et Alexandra Cabot (Law and Order: Special Victims Unit) se sortir de tous les problèmes dans un feuilleton télévisé d’une heure et je m’étais dit que je pouvais bien sûr en faire autant. Il est difficile de désapprendre la volonté d’être parfait ou excellent dans tout. Mais c’est en faisant des erreurs qu’on peut apprendre. Linda Rothstein a raconté qu’elle avait travaillé avec Ian Scott (l’ancien procureur général de l’Ontario) sur une affaire de privilège de construction dans laquelle elle avait mis un privilège sur la mauvaise parcelle de terrain. Ayant commis cette grave erreur, elle est restée à l’extérieur du bureau de Me Scott pendant une dizaine de minutes, faisant les cent pas. Lorsqu’elle lui a révélé son erreur, il a ri et a travaillé avec elle pour la rectifier. En fin de compte, l’erreur n’a pas été préjudiciable au client et Me Rothstein a modifié sa façon d’examiner les privilèges de construction afin de pouvoir déceler toute erreur à l’avenir. Ce que j’ai retenu de son histoire, c’est que, même si je veux impressionner mes mentors et mes patrons, les erreurs ne sont pas à exclure. La leçon à en tirer est que la façon dont vous vous remettez d’une erreur peut être précieuse pour votre façon d’exercer le droit.
Ayez l’air serein
Gerald Chan, de Stockwoods LLP, a raconté que, juste avant que le juge ne sorte, l’avocat de la partie adverse l’a informé que l’affaire sur laquelle il s’était appuyé avait été infirmée par la Cour d’appel. En son for intérieur, il paniquait, mais il ne pouvait pas le montrer. L’anxiété est ma meilleure amie, rester calme n’est donc pas mon point fort ; rien qu’en entendant cette histoire, j’ai ressenti de la panique. Or, tous les panélistes étaient d’accord pour dire qu’il faut avoir l’air calme même si tout va mal, comme si rien de grave ne se passait. Le langage corporel et la communication non verbale en disent plus long que la communication verbale, car le jury, le juge et l’avocat de la partie adverse remarqueront vos réactions. Il faudra que j’entraîne mon visage ou que je me fasse injecter du Botox ! C’est une compétence qui se développe avec l’expérience, et chaque orateur a fait part de cas stressants qui lui ont appris à garder son calme.
En conclusion
La perfection n’est pas de ce monde ; il faut plutôt se fixer des normes élevées pour atteindre l’excellence. Les avocats chevronnés ont de nombreuses leçons à nous transmettre. Un mentor apporte son soutien au mentoré en lui faisant vivre des expériences qui façonnent la manière dont le mentoré s’épanouit. Mais en fin de compte, l’expérience est le meilleur des enseignements, et le fait de relever les défis de la pratique juridique vous aidera à affiner vos compétences, à vous améliorer et à exceller.