Par un après-midi ensoleillé, au café Plenty du centre-ville de Toronto, j’ai rencontré Vivene Salmon, vice-présidente de l’Association du Barreau canadien, pour discuter de sa carrière et de ses aspirations pour l’ABC.
Vivene a grandi à Kitchener-Waterloo, où sa mère travaillait comme aide personnelle et son père travaillait dans la construction. Elle a étudié en science politique à l’Université Wilfrid Laurier. Son diplôme en poche, elle a travaillé pour le gouvernement ontarien et a repoussé ses études en droit d’un an pour déterminer si elle souhaitait devenir avocate ou travailler en relations publiques. Elle est présentement avocate de la société Merrill Lynch. Malgré son succès, elle admet que même aujourd’hui, elle ne sait pas de quoi aura l’air sa carrière.
"Je n’ai jamais voulu qu’aller en journalisme ou en droit, explique-t-elle. J’ai toujours aimé la rédaction et les questions de politique publique, alors je savais que ce serait un domaine ou l’autre." La question est devenue de déterminer si elle suivrait un chemin traditionnel ou pas. "Je pense que pour beaucoup de minorités visibles, nous sommes aussi capables de suivre le chemin que nous avons choisi, mais je vois des gens qui se font écarter. Il existe encore des défis à relever, alors à long terme, je ne sais pas si je vais toujours travailler en contentieux."
Vivene a la chance d’avoir de l’expérience dans le secteur public, en bureau privé et en contentieux. Après avoir obtenu son diplôme en droit de l’Université d’Ottawa, elle a fait son stage chez Gowlings à Toronto. Elle a senti qu’elle se trouvait dans la situation difficile que présente souvent la profession : travailler en litige ou en droit commercial, sans pouvoir en sortir. Elle dit que les jeunes avocats d’aujourd’hui sentent qu’ils n’ont pas la flexibilité d’explorer différents domaines d’exercice. Cela nuit à la profession, car les jeunes sont forcés de se spécialiser tôt, et beaucoup deviennent malheureux. Ils se sentent pris au piège.
Après son stage, Vivene a déménagé à Toronto et s’est bientôt impliquée au sein de la Division des jeunes juristes (DJJ) de l’ABO.
Comment en êtes-vous venue à vous impliquer au sein de l’ABO ?
J’ai assisté à un événement et j’ai rencontré un avocat, Omar Ha-Redeye, qui s’impliquait dans la Division des jeunes juristes (DJJ) et qui m’a persuadée de faire de même et d’assister aux réunions. À l’époque, je ne savais pas si je devais le faire, parce que j’étais très occupée, mais il s’est montré convaincant.
À la DJJ, j’ai joué un certain nombre de rôles. J’ai aimé agir comme liaison en matière d’affaires publiques et être rédactrice du bulletin, des postes qui correspondaient à mes intérêts pour la rédaction et les politiques publiques. J’ai finalement été présidente de la DJJ. Après cela, j’ai occupé des postes de liaison en matière d’affaires publiques au sein des sections des conseillers juridiques d’entreprise, du Droit des affaires et du Droit international. J’ai posé ma candidature aux programmes de mentorat de l’ABO et de l’ABC pour obtenir un mentor. Mon mentor de l’ABC m’a encouragé à soumettre ma candidature pour devenir membre du conseil. À ce moment, j’avais déjà commencé à en apprendre plus sur le fonctionnement de l’ABC. Comme présidente de la DJJ, j’avais assisté à des réunions du conseil. J’ai siégé au comité de la gouvernance et j’ai appris sur les différents règlements et politiques et les fonctions du conseil, des comités, des sections et des sous-comités. En m’impliquant davantage, j’étais plus exposée au fonctionnement de l’ABC.
Quel est le processus pour devenir membre du conseil ?
Il y a une trousse de candidature complète, qui exige de répondre à un certain nombre de questions en plus de soumettre un CV. Le comité de gouvernance de l’ABC évalue ensuite tous les candidats selon une grille. Pour exemple, la personne a-t-elle de l’expérience en gouvernance ou en finance, a-t-elle siégé à un conseil par le passé, dans quel rôle, etc. Ils essaient de réunir un conseil varié, avec des qualités de travail variées, y compris de l’expérience en politique, en finance et en revendication. Le comité de gouvernance fait ses recommandations au conseil, qui peut les accepter ou apposer son veto.
Comment êtes-vous devenue vice-présidente de l’ABC ?
Après que j’aie passé une année au conseil, le poste de la vice-présidence s’est libéré et on m’a encouragé à soumettre ma candidature. J’ai été élue par acclamation, ce qui signifie que cette année, personne d’autre n’avait soumis son nom à temps. Pendant les fêtes, j’ai fait imprimer mes documents et dépliants pour ma campagne, mais rien n’a servi, ce qui est inhabituel.
Que fait la vice-présidente de l’ABC ?
Pendant cette année, mon rôle est de comprendre l’organisation – son fonctionnement, les enjeux clés qui la propulsent à l’interne et à l’externe, ses interactions avec les intervenants cruciaux, avec la Federation of Ontario Law Associations (FOLA) et les autres parties prenantes.Je remplace aussi le président lors des nominations judiciaires et je préside le comité de la gouvernance et de l’égalité. Comme présidente de ce comité, je peux avoir une influence sur les orientations de l’organisation.
Avez-vous dû relever des défis jusqu’à présent comme vice-présidente ?
Je suis l’une des plus jeunes à avoir occupé ce poste. Il n’y a eu que neuf femmes qui ont dirigé l’ABC, et aucune minorité visible. On m’a aussi dit que je suis la première avocate de contentieux à être vice-présidente. Ce n’est pas nécessairement un défi, mais j’arrive avec un point de vue différent. Aussi, je vis à Toronto, et ma perspective peut être différente de celle d’un avocat qui exerce au Nunavut. À cause de cela, je cherche à en apprendre davantage sur les points de vue d’autres avocats dans d’autres territoires.
Prévoyez-vous des défis pour l’ABC ?
L’ABC est une organisation nationale qui cherche à représenter les avocats de partout au pays, qui travaillent dans différents domaines et différents territoires, d’avocats exerçant seuls à des avocats qui œuvrent dans de grands bureaux. Faire de meilleures recommandations pour tous les avocats est un défi. L’ABC fait beaucoup de revendications; je ne suis pas certaine que l’on sait à quel point l’ABC est active.
Avez-vous des conseils pour les jeunes avocats qui espèrent suivre vos traces ?
Prenez autant de risques que possible. Le chemin droit et direct vers un cabinet juridique n’est pas toujours ce qui est le plus intéressant ou le plus gratifiant à long terme. Garder l’esprit ouvert est important. La vie est une combinaison de travail acharné et d’occasions qui se présentent. Si je n’avais pas pris part à autant d’activités bénévoles au sein de l’ABO, je n’aurais pas aussi bien compris l’organisation. Prenez part à des activités qui vous intéressent et explorez les occasions que vous y trouverez.
Quelle est votre vision pour l’ABC quand vous en deviendrez présidente en 2020 ?
J’ai une vision précise en tête, mais je veux laisser le président actuel faire son chemin avant de le prolonger avec le mien. Il vous faudra donc attendre.
À PROPOS DE L’AUTEURE
Stacey Hsu est membre à titre individuel de l’exécutif de la section de Droit criminel de l’ABO.