Facebook permettra de nommer un « légataire » pour les comptes ssdes personnes décédées
Si vous êtes un utilisateur actif de Facebook, il est fort probable que votre liste d’amis contient au moins une personne décédée. Selon un reportage du Huffington Post datant de 2012, Facebook hébergeait les comptes de plus de 30 millions d’utilisateurs décédés. La plus importante plateforme de médias sociaux au monde est devenue, sans le vouloir, le plus grand cimetière virtuel du monde.
Selon un billet récent du blogue de Facebook, « Facebook est un espace pour partager et tisser des liens avec nos amis et notre famille. Pour plusieurs d’entre nous, c’est aussi un espace où se souvenir de ceux que nous avons perdus et honorer leur souvenir. Quand une personne meurt, son compte peut commémorer sa vie, ses amitiés et ses expériences. »
Jusqu’à maintenant, les familles et amis pouvaient, au choix, faire supprimer le compte de l’être cher, ou laisser ce compte devenir un compte commémoratif sans modération.
Facebook a maintenant fait un pas de plus : une nouvelle fonction, lancée en février 2015 aux États-Unis, permet aux utilisateurs de désigner un « légataire » qui pourra modérer le compte une fois que Facebook aura reçu un avis de décès.
Le légataire devra aviser Facebook du décès en visitant la page de demande de commémoration, fournir le nom de la personne, la date de sa mort et un lien comme preuve (comme un avis nécrologique ou un article en ligne).
Une fois qu’un compte est transformé en compte de commémoration :
- L’expression « En souvenir de » est affichée à côté du nom de la personne sur son profil;
- Selon les paramètres de confidentialité du compte, les amis peuvent partager leurs souvenirs sur le journal de commémoration;
- Le contenu partagé par la personne demeure en place est toujours visible par les personnes avec qui il a été partagé;
- Les profils de commémoration n’apparaissent pas dans les espaces publics comme les suggestions « Vous connaissez peut-être », les rappels d’anniversaire ou les publicités;
- Les comptes de commémoration pour lesquels un légataire n’a pas été désigné ne peuvent être modifiés (et les légataires ne peuvent pas changer le contenu préexistant).
Vivre un deuil est une expérience intime et subjective qui peut être remplie de tensions sociales, d’autant plus quand on y ajoute l’étiquette complexe des médias sociaux. Tandis que les normes sociales évoluent et que de nouvelles s’ajoutent, la technologie nous dépasse.
Facebook connaît bien ces problèmes : le site a en effet envoyé des messages automatisés encourageant les utilisateurs à reprendre contact avec des êtres chers décédés et des rappels au sujet de leur anniversaire qui approchait. À la fin de 2014, Facebook a lancé sa fonction de « Revue de l’année », un montage photo créé automatiquement à partir des albums de chaque utilisateur. En arrivant sur le site, les utilisateurs voyaient ce joyeux diaporama de leurs propres photos, un petit retour enjoué dans le temps. Le problème, bien sûr, est que ce retour en arrière peut s’avérer douloureux. Un père dont la jeune fille était morte du cancer quelques mois auparavant s’est plaint publiquement. C’était là la conséquence malheureuse de l’utilisation d’un système automatisé.
Facebook a présenté des excuses et, avec ses nouvelles fonctions de commémoration et de désignation d’un légataire, fait des efforts pour s’assurer que les utilisateurs décédés sont représentés avec dignité et que leurs proches reçoivent des communications qui font preuve d’empathie.
Alors que les médias sociaux prospèrent en cette ère de l’information, le côté obscur de l’équation augmente également. Les restes numériques des défunts – leurs photos, mises à jour, commentaires et vidéos – demeurent dans le cyberespace, éternellement vulnérables à l’exploitation.
Les avocats doivent être à jour, car ils ont le devoir de protéger et de préserver les legs virtuels de leurs clients. Que ce soit par la planification successorale, les injonctions ou la rédaction de lois, les avocats doivent protéger ces traces virtuelles qui nous survivront.