Young man in business suit seated at desk in front of computer, massaging temple and looking defeated

Lutter contre l’épuisement professionnel des spécialistes — avant le point de rupture

  • 06 décembre 2024
  • Frank Van Dyke

S’il y a une expression que vous avez probablement entendue ces derniers temps, c’est bien « épuisement professionnel ». C’est devenu un terme fourre-tout, souvent assimilé à une journée difficile ou à une lourde charge de travail. Mais dans le domaine juridique, l’épuisement professionnel a une signification plus profonde. Il ne s’agit pas seulement de se sentir submergé par les dossiers ou les échéances : c’est un épuisement total, qui va au-delà du stress. Il s’agit d’un exercice de jonglage permanent : l’épuisement professionnel est complexe, en constante évolution et, malheureusement, il ne peut pas être réglé par une bonne nuit de sommeil. L’épuisement professionnel des spécialistes ajoute une autre couche au mélange, qu’il s’agisse d’une charge émotionnelle ou d’une pression immense de réussir.

Après 30 ans d’exercice de cette profession, j’ai vu et ressenti ce que c’est que de travailler jusqu’au point de rupture. Mais cela n’arrive pas qu’à ceux d’entre nous qui travaillent dans le domaine du droit des dommages corporels. Cela arrive aux avocats spécialisés dans l’immigration, le droit des sociétés, la défense criminelle, etc. La liste est longue. Qu’est-ce qui distingue l’épuisement professionnel des spécialistes ? Et surtout, que pouvons-nous faire pour le gérer ?

Comment se produit l’épuisement professionnel ?

L’épuisement professionnel ne surgit pas de nulle part. Pour la plupart des avocats spécialisés, il s’agit plus d’une lente progression que d’une chute brutale. Cela commence par ce qui semble être un stress gérable, peut-être quelques heures supplémentaires ici ou là, ou le poids émotionnel d’une affaire particulière. Mais au fil du temps, c’est comme si vous ajoutiez de plus en plus de poids sur une balance invisible, jusqu’à ce que son plateau finisse par basculer.

L’épuisement professionnel en droit ne se résume pas à un « trop plein ». Parfois, il s’agit d’un manque de ce qui compte : l’équilibre, le soutien, voire le sentiment d’accomplissement. Les pressions uniques de notre domaine, avec des enjeux élevés et des détails précis, s’accumulent rapidement. Et que vous travailliez dans le domaine du droit criminel, du droit des sociétés, du droit de la famille ou dans toute autre spécialité, ces exigences ont tendance à s’accumuler d’une manière qui vous est sans doute familière.

Les signes de l’épuisement professionnel du spécialiste

L’épuisement professionnel ne ressemble pas toujours à ce à quoi les gens s’attendent. Il ne s’agit pas simplement d’être fatigué ou de se sentir débordé. Les signes sont souvent subtils et il faut se connaître  pour les déceler, et parfois se les faire indiquer par d’autres. Voici quelques signes à surveiller :

  • Une fatigue qui ne s’estompe pas : Si une fin de semaine de repos ou même des vacances ne vous permettent pas de vous sentir ressourcé, c’est un signal d’alarme. La fatigue physique et la fatigue mentale peuvent devenir chroniques en l’absence de véritable repos.
  • Un cynisme ou un détachement croissants : La perte d’empathie, le cynisme ou le détachement émotionnel vis-à-vis de votre travail ou de vos clients peuvent être des indicateurs précoces.
  • Un sentiment d’inefficacité ou d’inachevé : Ce sentiment est courant, mais on le néglige facilement. De nombreux avocats ont l’impression de ne pas être à la hauteur, ce qui les pousse soit à redoubler d’efforts (ce qui alimente l’épuisement professionnel), soit à créer de la distance (ils se sentent détachés).
  • Les symptômes physiques : Le stress chronique peut entraîner des troubles du sommeil, des maux de tête, des problèmes digestifs et d’autres problèmes physiques. Nous ignorons souvent ces signes, qui sont pourtant des indicateurs essentiels.

Peut-on éviter l’épuisement professionnel ?

Est-il possible d’éviter complètement l’épuisement professionnel ? La vérité, c’est que même les plus résilients d’entre nous n’en sont pas à l’abri. L’épuisement professionnel n’est peut-être pas entièrement évitable, mais on peut le gérer. J’ai vu des avocats de haut niveau, disposant d’équipes de soutien et de ressources formidables, devoir y faire face. La clé consiste à fixer des limites, à trouver un équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée, et à adopter les bonnes stratégies.

Considérez ces mesures comme un entretien préventif de votre santé mentale et physique. En créant des habitudes qui priorisent de prendre soin de soi, vous vous protégez contre les effets cumulatifs de l’épuisement professionnel.

Cinq mesures pour freiner l’épuisement professionnel des spécialistes  

Après des années passées à observer des collègues faire face à l’épuisement professionnel et à y être moi-même confronté, voici cinq des stratégies les plus efficaces que j’ai trouvées pour gérer l’épuisement professionnel et éviter qu’il ne s’installe :

  1. Donnez la priorité au repos : cela semble simple, mais pour ceux d’entre nous qui ont l’habitude de fonctionner en accéléré, le vrai repos semble être un luxe. Réservez du temps pour le sommeil et ne compromettez pas votre temps personnel. Considérez le repos comme faisant partie de vos obligations, et non comme une récompense que vous obtenez si vous avez du temps en plus.
  2. Ajustez votre charge de travail : il est tentant de dire oui à chaque dossier et à chaque client, mais il est essentiel de reconnaître ses limites. Soyez sélectif dans la mesure du possible et privilégiez la qualité à la quantité. Cela peut vouloir dire de déléguer, d’accepter moins de clients ou simplement de fixer des limites plus réalistes pour votre charge de travail.
  3. Faites appel à votre soutien : une équipe solide est inestimable. N’essayez pas de tout porter seul. Faites confiance à vos collègues et déléguez lorsque vous le pouvez. Qu’il s’agisse d’avocats adjoints ou de personnel de soutien, s’appuyer sur les autres est un signe de force et non de faiblesse.
  4. Demandez l’aide d’un professionnel : la thérapie, les conseils ou même un mentor de confiance peuvent fournir des idées et des outils pour gérer le stress et remettre les choses en perspective. De nombreux avocats trouvent cette aide inestimable, en particulier lorsqu’ils sont confrontés à une forte pression.
  5. Fixez des limites : l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée est une bonne chose en théorie, mais il est difficile à atteindre en pratique. Pour préserver votre santé mentale, il est essentiel de fixer des limites. Qu’il s’agisse de prendre congé le week-end ou de se déconnecter à une certaine heure, les limites que vous fixez vous permettent de vous ressourcer.

Dernier point à retenir : restez dans le jeu

L’épuisement professionnel n’a pas à définir votre carrière. Si le droit est un domaine qui exige de la résilience, il est tout aussi important de se rappeler que faire preuve de résilience ne signifie pas s’épuiser. Vous n’avez pas à choisir entre le dévouement et la santé ; en fait, pour vraiment exceller, vous avez besoin des deux. Après 30 ans, s’il y a une leçon à retenir, c’est celle-ci : prenez soin de vous avec le même dévouement que vous apportez à vos clients.

À propos de l’auteur

photo of author Frank Van DykeFrank Van Dyke, de Van Dyke Law, se consacre depuis plus de 30 ans à aider les victimes de blessures en Ontario à obtenir les indemnisations équitables qu’elles méritent. Connu pour son approche empreinte de compassion, Frank établit des relations personnelles et individuelles avec chaque client, lui offrant soutien et conseils dans les moments difficiles. Sa réputation de défenseur dévoué a attiré des clients de tout le sud de l’Ontario qui cherchent à obtenir de l’aide pour des demandes d’indemnisation d’accident, des différends en matière d’assurance, des demandes d’indemnisation d’invalidité, et plus encore.