« De quoi avez-vous besoin pour être moins stressé ? » De plus d’heures dans la journée ? D’un autre membre dans votre équipe ? Des clients qui répondent en temps voulu ? Ou peut-être est-ce une question de temps… Lorsque cette affaire en cours sera terminée, ou lorsque le patron prendra sa retraite, ou lorsque les enfants seront grands. Et si votre situation ne changeait pas ? Y a-t-il quelque chose que vous puissiez faire pour être plus heureux, plus productif, plus en paix ? Selon Allison Graham, auteure, consultante en gestion, optimiste pragmatique et conférencière d’ouverture de la Conférence juridique de l’Ontario organisée par l’ABO le 18 août, c’est tout à fait possible, et la première étape consiste à se débarrasser de la pensée « Si X, alors Y » (en attendant toujours « Y »).
Ne laissez pas vos défis définir vos actions
Lorsque Mme Graham a demandé aux participants à sa séance « Burned Out? Don’t Quit. Do This Instead », ce qui leur permettrait de moins stresser, leurs réponses correspondaient aux conseils d’autogestion de la santé que l’on nous donne régulièrement : se reposer davantage, faire plus d’exercice, mieux équilibrer vie professionnelle et vie privée. Autant d’objectifs louables, mais qui ne peuvent être atteints tant que nous n’avons pas la capacité d’intégrer ces éléments dans nos vies — ce qui est tout à fait réalisable, selon Mme Graham, si nous développons la conscience de la situation et la conscience de soi nécessaires pour trouver les bonnes solutions. « Si nous n’avons pas de capacités d’adaptation, dit-elle, nos défis définissent nos actions. »
Mme Graham sait de quoi elle parle. En 2007, une opération qui a mal tourné l’a laissée avec ce qu’elle appelle une « douleur neuropathique incessante » ; elle a perdu six personnes dans sa vie en l’espace de quelques mois seulement et a subi huit blessures graves. Son médecin lui a dit qu’elle devait réévaluer ses attentes pour sa vie et apprendre à être plus résiliente. Et, comme nous tous, elle a reçu des platitudes exaspérantes telles que « ne stresse pas », « laisse-toi aller », « ne t’occupe pas des petites choses » et la préférée de tous, « calme-toi ». Elle a décidé de riposter, un processus qui a nécessité une introspection, un recadrage et de nouvelles approches.
Évitez l’autocritique
Tout d’abord, elle conseille d’examiner vos propres schémas, sans jugement, mais à travers « une lentille de curiosité compatissante ». Lorsque vous réagissez ou agissez d’une certaine manière, évitez l’autocritique du type « qu’est-ce qui ne va pas chez moi, pourquoi je ne peux pas arrêter de faire ça ? » et concentrez-vous plutôt sur « n’est-ce pas intéressant que j’aie refait ça — qu’est-ce qui y a mené ? ».
Demandez-vous si une partie de vous n’aime pas un peu le stress. Il existe un bon stress, note Mme Graham — un stress qui inspire, qui concentre et qui met au défi. Sans un certain stress, beaucoup d’entre nous s’ennuieraient. Et même si l’on nous apprend à croire que certaines choses sont universellement les plus stressantes, la vérité est que chacun réagit différemment. Le déménagement, régulièrement cité comme l’un des principaux facteurs de stress, n’est pas un problème pour certaines personnes, tandis que d’autres en seront préoccupées pendant des mois. La conscience de soi signifie comprendre ce qui constitue le bon type de stress, à la bonne dose et à la bonne fréquence pour vous.
Exploitez le pouvoir du « bon » stress
Outre le bon stress, nous devons tous faire face aux deux autres types de stress : le stress destructeur, celui qui nous submerge et nous fait perdre nos moyens, et le stress de survie, dû à des événements que nous ne pouvons pas changer et que nous devons simplement traverser, comme un décès dans la famille, une faillite ou une pandémie mondiale. Le stress de survie est exacerbé par le stress destructeur. Mais la nouvelle encourageante, selon Mme Graham, c’est que « si nous savons comment le stress destructeur est créé, nous pouvons l’inverser ». Qui plus est, vous pouvez « exploiter la puissance du bon stress pour vous assurer que les responsabilités quotidiennes sont accomplies au milieu du stress de survie que nous ne pouvons éviter. »
Il s’agit de repérer les éléments que vous pouvez aborder ; dans l’analogie de Mme Graham, de ne pas laisser les glaçons devenir un bonhomme de neige. Vos glaçons sont les tâches et les défis qui se présentent à vous — plus vite vous les faites fondre, plus vite vous pouvez passer au projet suivant, à du temps en famille ou à des soins personnels. La neige, explique Mme Graham, représente les « émotions mal placées », les « scénarios négatifs » et les « obstacles » comme l’inquiétude, le jugement, la procrastination et les commérages. Une réunion importante qui vous inquiète ne dure pas une heure, mais une heure plus une semaine, ou le temps que vous avez passé à stresser à son sujet.
Construire moins de neige
La solution pour ne pas transformer les glaçons en bonhomme de neige consiste, de manière tout à fait sensée, à « construire moins de neige » — ce que Graham a fait elle-même à l’aide de quelques Post-it.
Sur une feuille de papier, elle a noté un facteur de stress qu’elle ne pouvait pas changer : la douleur. Sur des Post-it distincts, elle a noté tous les sous-produits de cette douleur, et pour chacun d’eux, elle a réfléchi à ce qu’elle pourrait faire pour y remédier. Par exemple, sa douleur l’empêchait de faire le long trajet de London à Toronto pour des conférences — un sous-produit — alors elle a mis son ego de côté et a demandé à sa mère si elle voulait bien la conduire pour qu’elles puissent faire une sortie et passer du temps ensemble.
Ne traitez pas les tâches comme des obstacles, ni les obstacles comme des adversités
Dans la vie, nous avons des adversités sur lesquelles nous n’avons que très peu de contrôle, des obstacles que nous avons le pouvoir de surmonter et des tâches obligatoires sur lesquelles nous avons un haut degré d’autonomie. De l’adversité naissent de nouveaux obstacles, mais si vous ne vous embourbez pas dans la douleur des obstacles, si vous pouvez regarder les sous-produits et les transformer en tâches que vous pouvez gérer, vous pouvez surmonter ces obstacles avant qu’ils ne fassent boule de neige. Comme le dit Graham : « trop de gens traitent les tâches comme des obstacles, et les obstacles comme de l’adversité ».
Et la façon dont nous traitons les obstacles est très importante. Notre réaction à leur égard — les scénarios que nous construisons autour d’eux — peut créer un stress destructeur. Comme le fait remarquer Mme Graham, les vols seront retardés, les bagages seront perdus, les obstacles se produiront, mais « nous n’avons pas l’obligation d’avoir une réaction émotionnelle ».
Les adversités sont différentes bien sûr — dans de nombreux cas, elles signifient que le chemin que nous suivions n’existe plus. Nous devons « en faire le deuil, le guérir, faire de la place pour le traiter », dit Mme Graham, et ensuite créer un nouveau chemin pour arriver là où nous devons aller.
Former de nouveaux modèles
La conscience de la situation, le simple fait de se demander s’il s’agit d’une tâche ou d’un obstacle — un glaçon ou un bonhomme de neige ? — sans jugement est incroyablement utile, souligne Mme Graham. En réfléchissant à la manière dont vos propres schémas peuvent rendre votre tâche plus difficile qu’elle ne doit l’être, vous vous rapprochez d’un changement, d’une solution, d’un moyen de moins stresser, d’accomplir davantage et d’être plus heureux. Même si rien ne change dans votre vie — vos clients, vos collègues et votre famille ont toujours les mêmes attentes à votre égard — « vous disposez de nouvelles informations, souligne Mme Graham, et vous êtes donc différent ».