L’année 2020 nous a servi de nombreuses leçons, notamment que les choses changent rapidement et que, donc, nous devons nous attendre à l’inattendu.
Le 21 mai, dans un billet de blogue sur le fait que la médiation virtuelle était maintenant « obligatoire pour les causes civiles en Ontario », après avoir argumenté que la médiation virtuelle est « virtuellement » (sinon littéralement) obligatoire dans les procédures civiles et successorales dans l’Ontario post-COVID, j’ai posé la question suivante :
« D’accord… mais si je préfère tout de même attendre une médiation en personne ? »
J’ai commodément répondu à ma propre question :
Tenant compte de l’ensemble des facteurs… je vous le déconseille.
J’ai, moi aussi, hâte de procéder à nouveau à la médiation en personne lorsqu’il sera sécuritaire et pratique de le faire. Malheureusement, la COVID-19 et ses effets nous accompagneront dans un avenir prévisible. Je remets en question l’efficacité et l’attrait de la médiation en personne en 2020 si nous devons nous tenir à deux mètres les uns des autres, nombre d’entre nous étant masqués, certaines personnes étant réticentes, pour différentes raisons, à être présentes physiquement, et les personnes présentes s’inquiétant d’une exposition potentielle (pour eux comme pour les autres) au coronavirus.
Entre-temps, il y a une solution de rechange valide en ligne, avec laquelle on peut facilement lire les expressions faciles et le langage corporel, qui permet de tenir des conversations privées sans que quiconque n’ait à s’inquiéter pour sa santé ni sa sécurité personnelle.
À l’époque, nous en étions à la première phase de la pandémie. J’étais encore naïvement confiant quant à mes pouvoirs de prédiction — même si, en médiation, je contestais régulièrement les pouvoirs de prédiction des autres.
Moins de trois mois plus tard, après que l’Ontario ait rapidement passé la deuxième phase et commencé la troisième, je me suis retrouvé à faire de la médiation en personne à la demande d’un avocat. Tous les participants (pas seulement la plupart) portaient un masque, ce qui illustrait à quel point les politiques publiques et l’opinion populaire avaient changé au fil des mois en ce qui concerne les masques. Le sushi et les sandwichs brillaient par leur absence, remplacés par du désinfectant et de l’espace.
Soudainement, j’étais devenu le médiateur masqué. Ni super ni héros, le médiateur masqué est de son époque et encaisse les coups.
Ne vous méprenez pas : j’ai rapidement adopté la médiation virtuelle (par l’entremise de Zoom) et je m’en suis fait le défenseur dès le début du confinement. Pour le reste de ma carrière de médiateur et de conseiller en règlement, je vais continuer de chanter les louanges de la médiation virtuelle. Je la recommande à quiconque m’embauche. Malgré cela, tout le monde ne peut pas prendre part à la médiation virtuelle. Même s’ils le souhaitent, certains ne le peuvent pas, et ce, pour de nombreuses raisons, qui comprennent le manque d’accès à la technologie requise ou le manque de compétences technologiques, les handicaps et le manque d’intimité à la maison.
Après la médiation, j’ai publié le gazouillis suivant pour saisir certaines de mes pensées :
Aujourd’hui, première #médiation en personne depuis #avantlapandémie.
Pas de mains serrées.
Pas de buffet.
Pas de cri.
Pas de murmure.
Pas de conversation rapprochée.
Aucun sourcil froncé ni sourire vu.
Aucun butin… ce sera pour un autre jour.
Au-delà de ma tentative poétique douteuse se trouve le fait que, tout comme les meilleurs accords de médiation, ce format de médiation était un compromis qui était meilleur que l’alternative : un retard indéfini dû à la pandémie, car une médiation entièrement virtuelle n’était pas une option. Je me suis assis avec les participants d’une partie dans une grande salle en face et le long des tables de la salle de conférence, à au moins deux mètres de distance. Je n’aurais pas été beaucoup plus proche en temps normal (avant). Même les rencontres individuelles avec les avocats sont toujours possibles, mais avec la même distanciation et les mêmes masques. Tout le monde a gardé la voix haute (sans crier), nous n’avons donc eu aucune difficulté à nous entendre.
Les informations non verbales que je ne pouvais pas recevoir du fait de l’absence d’expressions faciales, je pouvais toujours les tirer des yeux, des voix et d’autres indices. Le cerveau s’adapte. Et même si la médiation virtuelle nous permet d’être démasqués, la plupart d’entre nous trouvent toujours difficile, voire impossible, de maintenir un contact visuel adéquat en utilisant des webcams.
Cette médiation a également offert le meilleur des deux mondes, car les personnes de la partie adverse ont participé par vidéoconférence à partir d’une autre salle de conférence. Je me suis promené entre les salles et j’ai trouvé agréable de faire un peu d’exercice, car passer d’une salle de réunion virtuelle à l’autre sur Zoom ne m’oblige pas à sortir de mon fauteuil.
J’ai donc finalement respecté ma propre condition pour mener une médiation en personne : « lorsqu’il sera sécuritaire et pratique de le faire ». Cela s’est produit plus rapidement et plus facilement que je ne l’avais prédit, voilà tout. Il aurait peut-être été encore plus sûr (et plus amusant) de faire la médiation à l’extérieur sur une terrasse, mais ce n’était pas pratique. Cela ne signifie pas que ce qui est sûr et pratique ne changera pas au fil des saisons. J’ai écrit ceci à la mi-août, mais au moment où vous le lirez, mes mots pourraient vous sembler non pertinents ou désuets — un peu comme la jurisprudence de 2019.
Ainsi, si les médiateurs masqués doivent parfois se cacher lorsque nous passons d’une nouvelle normalité à une autre, je suppose (et non pas prédis) qu’ils ne disparaîtront pas — du moins tant qu’il n’y aura pas de vaccin efficace.
À propos de l’auteur
Mitchell Rose préside la section Mécanismes extrajudiciaires de règlement des conflits de l’ABO. Le 29 septembre 2020, il coprésidera le programme de webdiffusion de l’ABO intitulé Virtual Mediation Bootcamp and Mentorship Roundtable: Your Essential Guide to Excelling at Mediation et y sera conférencier (sans masque). On peut le joindre à l’adresse mediation@mitchellrose.ca.