Des intervieweurs qui démolissent d’anciens employés ou qui traitent mal le personnel de soutien ? Des questions personnelles ou qui frôlent le ridicule ? Une culture qui manque manifestement de diversité, de limites saines ou d’équilibre ? Nous avons demandé à nos membres ce qui les ferait changer d’idée si cela se produisait lors d’un entretien d’embauche.
En retard et distrait
Tout le monde est occupé, mais les intervieweurs qui font peu de cas du temps et de l’attention que les candidats consacrent au processus sonnent l’alarme au sujet d’une culture exempte de respect et de réciprocité.
« Il y a bien des années, en entrevue pour un stage, les deux avocats qui m’interviewaient ont été sur leurs cellulaires et répondu à des courriels pendant la plus grande partie de l’entrevue », se rappelle Sandra LeBrun, membre à titre personnel de l’exécutif de la section est de la Division des jeunes juristes. « Ils intervenaient en posant une question, puis leur attention retournait à leurs courriels. Je me souviens de m’être dit que je ne voulais pas appartenir à une organisation incapable de me donner 10 minutes de son temps. »
Sina Hariri, membre à titre personnel de l’exécutif de la section centrale de la Division des jeunes juristes, est aussi rebuté par « un intervieweur qui se comporte comme s’il a mieux à faire, ou qui est en retard et désorganisé, qui se présente une demi-heure en retard, par exemple. »
Réciprocité
De nombreux intervieweurs oublient qu’un entretien d’embauche ne sert pas seulement à laisser les candidats se présenter sous leur meilleur jour ; les employeurs aussi doivent se montrer à leur avantage, comme offrant un espace attrayant au sein duquel les avocats peuvent apporter leur contribution et évoluer. Les premières impressions comptent, et les candidats se font une impression dès qu’ils passent le seuil.
Selon Dana Lue, présidente de l’exécutif de la section centrale de la Division des jeunes juristes, il y a à tout le moins manque de professionnalisme lorsqu’« un intervieweur n’est pas préparé à vous rencontrer, que la réception n’a pas été avertie de votre arrivée, qu’ils n’ont pas votre curriculum vitae devant eux, qu’ils n’ont pas préparé de questions, ou que les questions posées ne sont pas personnalisées. »
Et si les intervieweurs peuvent faire qu’un candidat se sent ignoré pour un téléphone, ils peuvent aussi refroidir les ardeurs du candidat en remplaçant le dialogue libre ou officiel par un monologue, en profitant d’un auditoire captif pour ne parler que d’eux-mêmes. Tout comme lors d’un premier rendez-vous, ce faux pas démontre une inconscience et un manque d’intérêt quant au point de vue d’autrui qui augure mal pour une relation mutuellement bénéfique.
Investir dans une relation professionnelle exige un engagement de part et d’autre. « Il est essentiel pour moi que le bureau ait une culture d’autoréflexion », dit Zach Shaver, coordonnateur de l’exécutif de la section est de la Division des jeunes juristes. « Si on veut que je décrive où en sera ma carrière dans cinq ans, je veux savoir comment on évaluerait un cabinet qui connaît du succès maintenant et à l’avenir. »
Un réveil brutal
Lorsqu’ils évaluent un employeur potentiel, les candidats évaluent le potentiel pour leur carrière et cherchent un environnement qui appuiera leurs aspirations en harmonie avec leurs valeurs. La façon dont les intervieweurs se traitent entre collègues en dit plus long sur la dynamique du milieu de travail que leur façon de traiter les candidats.
« Durant une de mes entrevues, un avocat a parlé avec condescendance et mépris à un autre avocat du même panel », se souvient Victoria Yang, vice-présidente de l’exécutif de la section sud-est de la Division des jeunes juristes « J’ai été surprise et déconcertée par son comportement et j’ai tout de suite su que je ne pouvais pas travailler là. »
Pas question, bébé
Durant les entrevues, les questions en révèlent souvent plus sur la personne qui les pose que les réponses n’en disent sur le candidat. Certaines interrogations peignent un portrait sombre, empli d’attentes irréalistes et de préjugés. Une avocate qui souhaite garder l’anonymat s’est retrouvée dans cette situation rébarbative : « Lors de mon premier entretien d’embauche suivant la fin de mon congé de maternité, on m’a dit “Quand vous travaillez pour nous, ce travail est votre priorité. Comment allez-vous gérer cela maintenant que vous êtes mère ?” »
Inutile de dire que ce n’est pas la bonne manière d’attirer les meilleurs talents, mais plutôt la meilleure façon de rebuter des candidats qui étaient pourtant vivement intéressés. « À ce moment, poursuit l’avocate, je savais que je ne voulais plus le poste. J’aurais aimé simplement me lever et partir. J’ai plutôt donné la réponse qu’on attendait de moi. J’ai obtenu le poste, et j’ai dit “merci, mais non merci.” »