Lors d’une récente séance de questions et réponses, Lynne Vicars a offert ses réflexions sur la technologie, l’égalité entre les sexes et le mentorat, ainsi qu’un avant-goût de ses plans pour son mandat de présidence de l’ABO.
Q. Qu’est-ce qui vous a inspirée à faire carrière en droit ?
J’ai toujours été intensément curieuse par rapport au droit, et mon cours de droit des contrats en première année de mon baccalauréat a été de loin mon cours préféré, mais je ne connaissais pas personnellement d’avocat, et je n’avais jamais imaginé la possibilité de devenir avocate. Je trouvais les avocats intimidants. Je ne croyais pas être assez bonne étudiante pour être acceptée en droit. Un conseiller en orientation à l’University of Western Ontario a été la première personne à me dire que je devrais penser à devenir avocate et que mes notes étaient certainement suffisantes pour que je sois acceptée dans n’importe quelle faculté de droit canadienne ou n’importe quel programme de maîtrise en administration des affaires. Intriguée par cette possibilité, et pleine d’une confiance toute neuve, je me suis inscrite au GMAT et au LSAT, et j’ai été acceptée dans les deux programmes.
Q. Quel rôle le mentorat a-t-il joué dans votre vie ?
J’ai eu la chance d’avoir comme mentors des meneurs fantastiques; quelques hommes, mais surtout des femmes. Dès mes premiers jours à la banque, ma superviseure immédiate et la directrice de succursale, deux femmes, m’ont inspirée à m’inscrire au programme de formation en gestion; quand je faisais mon stage comme étudiante, ma directrice m’a appris non seulement à être une bonne avocate, mais aussi à quel point il est important de bâtir des relations avec les clients; dans mon rôle actuel, des femmes ayant des rôles importants au sein de la banque m’ont fourni de belles occasions de me dépasser. En retour, j’ai servi de mentor à d’autres femmes, à la fois de manière officielle, par l’entremise du Mentor Partnership, un programme pour les nouveaux Canadiens, et du programme de mentorat de l’ABO, et de manière non officielle, quand je rencontre des jeunes femmes qui commencent leur formation ou leur carrière juridique. L’une des mesures les plus importantes de ma propre réussite vient du succès des autres, que j’ai cherchés à aider. Je suis très fière des réussites de toutes les personnes à qui j’ai pu servir de mentor, et elles m’ont beaucoup appris.
Q. Quels défis avez-vous eu à relever, ou avez-vous vu d’autres femmes relever en cherchant à faire avancer leur carrière juridique ?
La voix des femmes, la mienne comprise, n’est souvent pas entendue dans les conversations d’affaires. J’ai souvent vu un homme répéter ce qu’une femme avait dit plus tôt, comme si l’idée venait de lui, et les autres personnes de la pièce hochent la tête en signe d’accord. Je ne crois pas que ce soit intentionnel; c’est simplement quelque chose que nous avons, comme société, laissé se développer. J’ai vu des hommes, et parfois des femmes, s’attribuer le mérite pour le travail d’autrui et en être récompensés, alors que j’ai tendance à attribuer le mérite aux gens de mon équipe même si j’ai fait moi-même la majorité du travail. Je crois que répartir les bons résultats et renforcer les autres est la bonne chose à faire. Pourtant, j’ai dû y penser : peut-être est-ce une raison pour laquelle, comme c’est le cas pour d’autres femmes qui agissent ainsi, ma carrière n’a pas progressé aussi rapidement que celles de collègues hommes plus combatifs.
Q. Votre implication au sein de l’ABO vous a-t-elle aidée précisément en tant que « femme en droit » ?
Mon implication à l’ABO m’a fourni une « zone sécuritaire » pour affiner mes aptitudes de direction. Ma carrière et mon salaire ne courent aucun risque si je commets une erreur, et j’en ai commis beaucoup. J’ai aussi pu développer des compétences relatives à la gouvernance et aux ressources humaines, des occasions que je n’aurais pas eues autrement. Il n’y a eu avant moi que huit présidentes, y compris, dans les dernières années, Pascale Daigneault et la juge Carole Brown. Leur leadership m’a inspiré et, même si d’autres merveilleux présidents mentors comme Ed Upenieks m’ont encouragée, les femmes qui ont ouvert la voie avant moi m’ont donné le courage, la détermination et la confiance pour me présenter aux élections.
Q. À quel point trouvez-vous que l’ABO réussit en matière de promotion et d’encouragement de l’égalité, de la diversité et de l’inclusion au sein de la profession ?
L’ABO est une véritable meneuse pour cet enjeu, comme le démontre sa direction d’un programme collaboratif sur la diversité, son intervention dans la cause Trinity Western par l’entremise de l’ABC et son rôle clé dans l’éducation relative à l’importance de l’énoncé de principes du Barreau de l’Ontario. Cependant, la plus importante réussite de l’ABO est issue du fantastique travail accompli par le président Quinn Ross, la présidente du comité sur l’égalité, Sabrina Bandali, et d’autres pour formuler un plan réfléchi permettant de mieux soutenir la diversité dans la profession de manière pratique, réaliste et éloquente. Il nous en reste beaucoup à apprendre et à faire, en particulier en ce qui concerne les collectivités autochtones, et même si les femmes ont acquis le statut de « personnes » depuis près de 90 ans, l’égalité véritable continue de nous échapper.
Q. Comment voyez-vous le rôle de l’ABO dans l’avancement de l’égalité entre les sexes ?
L’égalité n’est pas seulement la bonne chose à faire; c’est aussi la chose intelligente à faire d’un point de vue commercial. Je ne crois pas que les bureaux d’avocats fassent délibérément subir de la discrimination aux femmes. L’inégalité vient de pratiques systémiques et de traditions conçues par des hommes d’une autre époque, et ces pratiques et traditions doivent changer, non seulement pour rendre les promotions et l’engagement plus atteignables pour les femmes, mais pour les hommes modernes aussi. L’ABO peut paver la voie pour créer une feuille de route pour l’avenir du droit, qui énumère les champs de pratique et les applications de la technologie qui émergent. En utilisant la technologie et en réimaginant « comment nous fonctionnons », nous aurons une occasion claire pour atteindre l’égalité et offrir des carrières plus agréables à tous les avocats.
Q. Au-delà de votre mandat en matière d’égalité entre les sexes, que souhaitez-vous le plus réaliser durant votre mandat à la présidence ?
Professionnellement et personnellement, je vis pour la technologie. Je suis une mordue de technologie depuis mon adolescence, et comme j’étais adolescente dans les années 1970, c’est une déclaration étonnante, particulièrement pour une femme. J’aimerais que nous puissions démontrer à la profession comment l’usage de la technologie va améliorer nos pratiques et nous permettre de nous libérer d’une partie de notre fardeau administratif, pour nous concentrer sur l’offre d’une intelligence à valeur ajoutée, que les avocats seront heureux de livrer à des clients appréciatifs. Il n’y a pas de meilleur moyen de souligner les avantages d’accueillir ce changement constructif et de mettre l’innovation en pratique qu’avec le lancement de notre nouveau programme d’innovateur en résidence. J’ai hâte de voir les outils, les services et le soutien à la fine pointe que le programme offrira à nos membres. Avec le déploiement de cette initiative novatrice, la technologie et l’innovation formeront un accent important pour l’année à venir. Restez à l’écoute !