Vous avez sûrement remarqué. Depuis deux ans, de plus en plus d’articles et de citoyens inquiets nous mettent en garde : les avocats seront bientôt remplacés par des robots intelligents.
En voyant de grands bureaux ouvrir des fonds de capital de risque et fonder d’audacieuses nouvelles entreprises de technologie juridique, il est facile, comme avocat exerçant seul ou en petit cabinet, de se sentir nerveux et vulnérable au sujet de la menace de l’intelligence artificielle (IA).
Si nous en croyons ces articles, il vaudrait mieux laisser tomber nos stylos et attendre d’être remplacés par des assistants virtuels et de l’IA avec des noms technologiques 3.0 comme Lisa et Ankit. En vérité, la plupart des grands titres ne sont que du battage médiatique.
Je ne suis pas le seul à le dire : les grands joueurs, comme John Giannandrea, responsable de l’IA pour Google, nous mettent en garde contre les dangers de la frénésie injustifiée quant à l’IA.
La principale idée fausse en ce qui a trait à l’IA et aux logiciels, particulièrement dans le domaine juridique, est que nous avons développé une « intelligence généralisée » ou « super intelligence », c’est-à-dire un système informatique qui peut reconnaître et résoudre de nouveaux problèmes, pour lesquels ses concepteurs ne l’ont pas originalement conçu.
Ce n’est pas le cas. Cette capacité de résoudre des problèmes de manière dynamique demeure une exclusivité humaine pour le moment.
De nombreux experts disent que nous n’avons même pas réellement créé une intelligence artificielle, mais plutôt une « automatisation avancée » ou une « informatique cognitive ».
Aujourd’hui, les systèmes d’IA peuvent réaliser une tâche précise et améliorer leur capacité en cernant les tendances qu’ils observent et en tirant des apprentissages de ces tendances. C’est important. Cela signifie que ces logiciels peuvent s’améliorer avec le temps sans que des programmeurs aient à écrire du code additionnel. C’est une capacité puissante, mais ce n’est pas une intelligence autonome.
À cause de ces limites, l’IA n’est mise en œuvre que pour des tâches très précises, qui peuvent être répétées, sont prévisibles et extensibles.
C’est pourquoi l’IA a été déployée pour des tâches comme le classement de documents pour les enquêtes préalables et la reconnaissance optique de caractères de documents PDF, mais pas pour rédiger des conventions d’actionnaires ou des mémoires. Ces tâches sont trop imprévisibles pour que des ingénieurs conçoivent un système qui peut être répété.
Le principe bionique et l’automatisation
Je ne dirai pas que les robots ne pourront jamais remplacer les avocats. Je pense qu’ils le feront, mais pour des tâches précises. Mais ils font déjà cela depuis plusieurs décennies.
Parlez à un associé grisonnant et il vous racontera avoir annoté manuellement des documents jusqu’aux petites heures du matin. Avec une règle, un stylo rouge et beaucoup de café. Pouvez-vous imaginer ça ?
Les ordinateurs font maintenant cela automatiquement. Heureusement !
La plupart des avocats ne réalisent pas des tâches. Ils s’occupent de projets, comme régler des différends, organiser des investissements et transférer des droits de propriété. Ce sont des projets complexes, qui comprennent des centaines, et parfois des milliers de « tâches ».
Alors au lieu d’attendre que les robots nous remplacent, je propose un avenir différent pour les avocats.
Au cours de la prochaine décennie, les avocats futés s’outilleront d’une variété de technologies intelligentes qui automatiseront des tâches précises. Ces systèmes s’intégreront pour offrir une productivité et une expérience d’utilisation exceptionnelles. Oui, la plupart de ces outils auront en eux certaines formes d’IA.
Une des croyances principales du monde des entreprises technologiques en démarrage veut qu’en nous libérant des tâches banales, nous pouvons être plus créatifs, plus axés vers l’usager, plus empathiques et plus productifs.
Nous pouvons, avant les autres, cerner les problèmes et imaginer des solutions. C’est la raison pour laquelle Netflix a battu Blockbuster et Amazon battra Wal-Mart.
La libération est atteinte par ce qu’on appelle le principe bionique : si une tâche peut être automatisée grâce à une machine, automatisez-la. Même les toutes petites tâches. À moins que le prix soit outrancier, achetez l’outil. Les avantages composés de l’automatisation et de l’intégration sont exponentiels. Demandez à Google.
Pour vous aider à bâtir votre cabinet bionique, voici quelques outils que presque tous les avocats en pratique privée ou en entreprise peuvent mettre en œuvre immédiatement pour commencer :
Amy
automatisation des échéanciers et calendriers
Combien de temps passez-vous (vous, ou votre adjointe) chaque mois à envoyer et recevoir des courriels pour planifier des réunions ? Probablement beaucoup. Il y a un assistant pour ça. Amy est une assistante de planification qui automatise ces échanges pour trouver un moment qui fonctionne pour tous. Une fois le moment choisi, Amy envoie une invitation pour votre calendrier et fixe des rappels. (www.x.ai)
Clarke – notes et listes de tâches pour les réunions : C’est prouvé : exécuter plusieurs tâches simultanément est difficile. Vous êtes-vous déjà senti débordé en essayant d’écouter quelqu’un qui parle tout en prenant des notes et en énumérant vos tâches à réaliser durant une réunion ? Voici Clarke, une appli pour téléphone intelligent qui écoute vos réunions, prend automatiquement des notes et dresse la liste des tâches qui vous sont assignées. Cela vous libère pour que vous puissiez écouter plus attentivement, poser de meilleures questions et bâtir des relations plus solides. (www.clarke.ai)
Zapier – intégrez vos applis ordinaires pour les rendre intelligentes. Zapier est un incontournable dans les entreprises technologiques. Il vous permet d’intégrer presque n’importe quelle application que vous utilisez présentement. Par exemple, si vous créez un formulaire à l’aide de Typeform ou de Formstack, Zapier peut entrer vos données dans un document Google ou votre logiciel de gestion de contacts (comme Clio), même si ces deux applis ne sont pas conçues pour se connecter. (www.zapier.com)
Paper – négociation, signature électronique et gestion de contrats : N’est-il pas désagréable d’envoyer par courriel des documents Word en les annotant manuellement et en cherchant la version la plus récente ? Paper rend la négociation, la signature électronique et la gestion de contrats plus humaines en intégrant des fonctions puissantes comme l’automatisation des champs, l’édition collaborative, l’automatisation des versions et la signature électronique. Les avocats en entreprise l’utilisent autant que ceux qui œuvrent en cabinet privé. Divulgation : je suis un fondateur de Paper. (www.paperlts.com)
5.Webmerge – automatisation abordable de documents. Pour propulser facilement vos gabarits à l’aide de l’automatisation des documents. Combinez-le à Zapier pour créer de puissants flux de travail automatisés. Par exemple, si un client remplit un formulaire d’ouverture de dossier en ligne, les valeurs tirées de ce formulaire sont intégrées dans un gabarit, et le document complet est envoyé par courriel, à vous et à votre client. Si le gabarit par courriel envoie une copie à Amy, une réunion sera automatiquement planifiée ! (www.webmerge.me)
Avec les plus récentes technologies, bâtir votre pratique bionique est très facile. Planifiez une visite mensuelle de Product Hunt pour découvrir les nouveaux logiciels et le nouveau matériel dès leur sortie. Abonnez-vous au bulletin Law Hackers pour recevoir chaque mois des renseignements sur les nouvelles initiatives technologiques juridiques. Dans la grande région de Toronto, ralliez les rangs du chapitre torontois de LegalHackers pour être au courant des nouvelles idées et technologies.
Adrian Camara est avocat (UWO 2015) et bâtit l’avenir des contrats avec Paper. Communiquez avec lui sur LinkedIn ou Twitter.