Greg Crone s'entretient avec le juge en chef George Strathy pour discuter de technologie, d'accès à la justice, de mentorat et de l'expérience de M. Strathy au sein de l'ABO et de L'ABC.
Lorsque George Strathy était étudiant en droit à l'Université de Toronto, il avait l'habitude de rencontrer un autre étudiant en droit, Bob Bauman, pour jouer tôt le matin aux galets sur table dans le foyer des étudiants avant d'aller en classe.
Lorsque M. Strathy a été nommé juge en chef de l'Ontario en juin dernier, l'un des premiers appels de félicitations qu'il a reçu est venu de son ancien compagnon d'études en droit, qui est maintenant mieux connu comme l'Honorable Robert J. Bauman, juge en chef de la Colombie-Britannique.
« Sa réaction a été la suivante : "vous allez adorer ce poste", affirme M. Strathy. C'est une formidable chance de contribuer au système de justice. »
Maintenant qu'il a pleinement intégré les obligations de son poste, c’est exactement ce que fait M. Strathy.
M. Strathy a pris du temps l'été dernier pour s'entretenir avec d'autres juges, des avocats et des fonctionnaires pour discuter informellement des problèmes auxquels le système de justice est confronté, en mettant l’accent sur l'accès à la justice. « C'est une vaste notion, car elle met en jeu les coûts et le délai des services juridiques, ainsi que la complexité du système de justice. Peu importe quels sont mes autres objectifs, cela doit être mon but principal : trouver des façons de faire des progrès concernant cette question. »
M. Strathy a déjà démontré qu'il est sérieux à ce sujet, l'identifiant comme une priorité dans son discours d'ouverture de la cour en septembre. Dans son discours, il a affirmé sans ambages que le système de justice « s'encombre progressivement par ses propres procédures » au point que le système de justice en soi a commencé « à faire obstacle à la justicemême que nous cherchons à protéger. »
« Tous ont déterminé le problème, et des exemples du problème, mais nous devons maintenant nous y attaquer, déclare-t-il.
Nous devons identifier des façons de faire des progrès qui sont efficaces et abordables. La réalité étant que nos ressources sont limitées, nous devons trouver des moyens pour procéder à moindre coût et mettre ces moyens en œuvre. »
Le recours plus important à la technologie doit faire partie de la solution. « La technologie existe déjà. Il n'est pas nécessaire de créer de nouvelles technologies. »
« Trop de personnes viennent trop souvent à la cour dans le but d'obtenir une décision touchant leur dossier. Si nous pouvons utiliser la technologie pour réduire le nombre et la durée de ces comparutions, nous pouvons faire des économies dans l'ensemble. Nous pouvons réaliser des économies pour les tribunaux et les clients. »
M. Strathy mentionne également la simplification des procédures, en particulier en droit de la famille et en droit criminel. « C'est une chose sur laquelle on doit se pencher. »
M. Strathy s'intéresse spécialement aux jeunes avocats et aux questions liées aux nouveaux membres de la profession.
Il a su tirer immensément profit de ses premières années en tant qu'avocat en étant conseillé par des avocats principaux au sein de son cabinet. Souvent, ces derniers l'amenaient à la cour et l'invitaient à occuper la deuxième ou troisième chaise durant un procès : « Je me rendais sur place, j'observais et j'absorbais par osmose. »
« Ils me confiaient un témoin à interroger, ou me demandaient de faire une partie de la plaidoirie, sans que l’issue de l’affaire en dépende. » Il mentionne que, tristement, il s'agit d'un aspect du processus d'apprentissage de la profession d'avocat qui se perd progressivement.
« Les bons avocats le font, et les bons avocats font du mentorat auprès des jeunes et leur donnant une chance, mais peut-être pas autant qu'auparavant en raison des coûts et du temps en jeu », précise-t-il.
M. Strathy ajoute qu'il désire se pencher sur la création d'un programme formel de mentorat offert aux jeunes avocats qui ne sont pas nécessairement membres de grands cabinets mais qui auraient accès à des avocats chevronnés qui peuvent les aider.
« Je pense à un système de mentorat ou de jumelage. Les jeunes avocats pourraient ainsi avoir quelqu'un qu'ils peuvent appeler et qui s'intéressera à leur développement professionnel. »
Alors qu'il était jeune avocat, M. Strathy a participé activement aux activités de l'Association du Barreau de l'Ontario et de l'Association du Barreau canadien en tant que président de la Division des jeunes juristes (DJJ). Comme membre de l’exécutif de l'ABC, il a eu la chance de visiter chaque province au Canada. Il a également joué un rôle très important dans la mise sur pied de la Journée du droit, où les écoliers et les élèves s’initient au système de justice.
« L'une des choses que je dis aux jeunes avocats est de participer, car c'est la façon de rencontrer des gens dans leur ville et partout en province, indique M. Strathy.
Si vous consacrez du temps à l'une des sections de l'ABO, vous avez la chance de rencontrer des gens de votre région, et très rapidement, ces personnes vous confieront des responsabilités dans leurs dossiers et vous demanderont d'agir comme référence. C'est la meilleure chose qui me soit arrivée pour ce qui est de ma pratique, car j'ai pu connaître des gens. »